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Dossier

De nouveaux métiers et des postes à pourvoir

Alors que le taux de chômage atteint des niveaux record en France, ce ne sont pas moins de 12000 emplois qui, selon Pôle Emploi, ne trouveraient pas preneur, chaque année, dans l'ensemble du secteur agricole. Et la problématique vaut d'ailleurs bien au-delà des frontières de la production agricole stricto sensu : les semenciers se mobilisent aujourd'hui pour attirer les jeunes diplômés, des coopératives et des négoces recrutent des technico-commerciaux, les meuniers ont besoin de techniciens, des boulangers cherchent des apprentis...


Si la filière céréalière française, qui compte aujourd’hui 450 000 personnes, est pourvoyeuse d'emplois, c'est notamment en raison de la bonne santé économique de nombreux acteurs. Centrés sur la création de valeur, ils affichent un fort dynamisme au même titre que certains géants du para-agricole. Les professionnels de la recherche d'emploi observent en conséquence que des sociétés d’agrofourniture ou du machinisme sont très actives au niveau du recrutement depuis quelques années. Toutes ces structures recherchent tant des profils dans le secteur de la recherche et développement, du commerce ou du conseil.

Point commun de ces organismes en croissance : une priorité donnée à l'innovation. Elle est, pour eux, un levier de compétitivité. C'est notamment le cas de nombreuses structures du secteur des semences et plants où 13 % du chiffre d'affaires est dédié à la recherche. Un secteur qui a vu le nombre d'emplois qu'il rassemble progresser de 10 % entre 2006 et 2011.

Le secteur céréalier est caractérisé par le développement, au cours des dix dernières années, de nouvelles filières à la pointe de la technologie et créatrices d'emplois. Il en est ainsi de l'agriculture de précision. De nombreuses sociétés bâties autour des services d'informations géographiques (SIG) ou de la gestion des données se développent. Le secteur des biotechnologies et celui, émergeant et plein de promesses, des nanotechnologies, ouvrent régulièrement au recrutement des postes dans les laboratoires de recherche. Les nouveaux usages de la biomasse agricole constituent une autre thématique porteuse pour l'emploi. La chimie du végétal a posé ses bases et devrait connaître, d'après les industriels français, un fort développement d'ici 2020.

Ce sont entre 5 000 et 15 000 emplois qui pourraient alors être créés selon l’ADEME.

Il faut également se pencher sur les mutations du métier d'agriculteur lui-même. L'évolution des techniques culturales, l'attention croissante portée aux doses de produits à épandre, au choix des intrants, aux alternatives de production, aux cours des céréales... Autant de paramètres qui ont incité, ces dernières années, les producteurs à s'entourer d'un nombre croissant de conseillers pour les guider dans des choix stratégiques pour la compétitivité de leur exploitation. Les centres de gestion, organismes techniques et autres sociétés de services ont ainsi élargi la palette de leurs prestations. Les agriculteurs s’appuient également sur l’expertise d’entrepreneurs agricoles, de salariés de CUMA (Réseau des coopératives d’utilisation de matériel agricole), etc.

Ces organismes ou services de conseils ont ainsi proposé de nouveaux postes à pourvoir aux jeunes diplômés. Depuis sept ans, le marché a évolué pour les ingénieurs. Les métiers se sont notamment renouvelés sous l'influence de l'internationalisation du marché des céréales. Les diplômés sont aujourd'hui nombreux à se diriger vers le conseil en coopératives ou en négoces, à devenir traders internationaux ou à intégrer une société de formation sur les marchés. D'autres métiers, notamment autour de l'export des céréales, activité en plein développement, ont également pu bénéficier de cette tendance. Les centres de formation profitent d'ailleurs de cette nouvelle donne. Ils affichent d'excellents taux de placement de leurs diplômés, tous niveaux d’études confondus.

Si le développement de nouveaux métiers renouvelle les perspectives dans la production, c’est également le cas plus en aval : les collecteurs cherchent des technico-commerciaux et les industries de transformation des conducteurs de ligne.

Autre illustration, l'Ecole Nationale Supérieure de Meunerie et des Industries Céréalières de Surgères reconnaît ainsi avoir un nombre insuffisant d’élèves au regard des besoins de la profession. Dans la meunerie, il peut y avoir, à certaines périodes, 5 offres d'emploi par jeune formé. Les chefs meuniers diplômés à Bac +2 n'ont donc aucune crainte à avoir sur leur avenir professionnel.

D’autres secteurs sont en plein essor. C'est le cas des postes centrés sur la qualité, l'hygiène, la traçabilité ou la sécurité, en nombre croissant chez les collecteurs et les industries de transformation, en raison notamment d'un renforcement des normes sanitaires. Le secteur de l'alimentation animale, tout particulièrement, cherche des responsables qualité pour lesquels un haut niveau de technicité est exigé. Le scénario est le même dans la logistique : en raison de la croissance des coûts énergétiques, sa gestion est une préoccupation croissante des coopératives et des négoces, qui cherchent des équipes pour remplir cette mission.